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Soigner les souvenirs de violence par l’hypnose et l’EMDR

EMDR

Le traumatisme d’agression et ses séquelles

Avez-vous déjà été agressé-e, physiquement ou psychologiquement ?

Face à l’agression, nous réagissons toutes et tous de manière différente.

Certaines personnes font preuve d’une résilience à toute épreuve. Notamment des personnes qui, exemptes de traumatismes sévères dans leur enfance et leur adolescence, pratiquent des sports de combat qui les habituent à la violence et les convainquent qu’ils sont capables d’y faire face, de dominer leur peur, de maîtriser leur douleur. Ainsi par exemple les combattant-e-s de MMA (mixed martial arts) peuvent encaisser des centaines de coups à chaque combat, sans en sortir psychologiquement blessé-e-s.

A l’inverse, quand on a été victime de violence dans son jeune âge, à une époque où on était sans défense, vulnérable, fragile, étant bébé, enfant ou ado, ou quand on est agressé une première fois à l’âge adulte, il est possible qu’on en garde des séquelles de longue durée.

Le sentiment de peur, de panique, de paralysie, persiste et traumatise la victime durablement, modifiant ses comportements : ne plus sortir seul-e, ne plus sortir la nuit, ne plus sortir du tout, éviter toute situation à risque de répétition des circonstances de l’agression. Ces formes d’auto-défense, de protection, peuvent s’avérer aussi “évidentes” qu’handicapantes, puisque certes si on ne sort plus on évite les problèmes, mais on se prive de vie sociale et on y perd sa joie de vivre.

Heureusement, il est possible, grâce à certaines techniques, de sortir de l’état de stresse post-traumatique, et de revenir à une vie plus normale, comme si l’agression n’avait tout simplement pas eu lieu.

L’hypnose et l’EMDR comme techniques de traitement des victimes d’agression

D’abord, définissons les termes.

S’agissant de l’hypnose, il n’est pas question de la version médiatique et folklorique de l’hypnose mesmérienne, où une sorte de magicien prend le contrôle de l’esprit d’une personne de manière théâtrale et spectaculaire. Il s’agit de l’hypnose en tant que technique thérapeutique, qui utilise les états de conscience proches du sommeil – une sorte de demi-sommeil – pour parler à l’inconscient cognitif d’une personne et lui faire modifier certaines pensées et certains comportements.

L’EMDR, quand à lui, est une technique de désensibilisation qui passe par les mouvements des yeux, en une sorte de reprogrammation cérébrale.

Inventée par la psychologue américaine Francine Shapiro, l’EMDR consiste à occuper certaines zones du cerveau simultanément, pour le saturer, empêcher que la zone émotionnelle soit trop sollicitée, et installer de nouvelles connexion entre le souvenir chargé en émotions négatives, le balaiement de l’espace par les yeux, et le contrôle rationnel qu’opère la personne dans un contexte sécurisé.

L’idée d’utiliser l’hypnose et l’EMDR pour traiter les séquelles ressenties par les victimes d’agression, repose sur l’idée qu’un souvenir de l’expérience traumatisante a été stockée dans le cerveau des victimes, et qu’il y reste longtemps actif tant qu’on ne décide pas d’agir sur lui.

Mais, si au cours d’une ou deux séances d’hypnose, on demande à la personne de se remémorer l’agression, et de l’associer par exemple à d’autres souvenirs, neutres ou agréables, alors on en désactive en quelque sorte la charge traumatique.

Cette idée colle très bien avec celles de la psychologue française Muriel Salmona, spécialiste de la mémoire traumatique. Elle soutient en effet que, lors d’un traumatisme violent, divers phénomènes se succèdent dans le cerveau, qui expliquent les symptômes des personnes traumatisées.

Lors de l’agression, des décharges d’adrénaline à haute doses mettent le cerveau en surchauffe, ce qui provoque une réaction contraire, une injection de substances apaisantes, ce qui aboutit au paradoxe des victimes passives, comme paralysées de l’intérieur par une double contrainte. Ces phénomènes laissent des traces à long terme, que l’EMDR permettrait de gérer, d’effacer.

De même, via l’EMDR on peut amener le cerveau à se reprogrammer lui-même, en associant le rappel de l’expérience douloureuse (une reviviscence), à des sensations et des gestes dans le présent, de manière à désensibiliser le souvenir envahissant et, en quelque sorte, à le remettre à sa place : dans le passé. L’EMDR est donc un traitement efficace du trauma d’agression, dès lors qu’il permet de faire baisser la crainte, les crises d’angoisse, de diminuer la fréquence des attaques de panique et autres symptômes associés à l’état de stress post traumatique.

Il semble bien que ces techniques de thérapies brèves aient des résultats plus efficaces que les méthodes plus classiques comme la psychologie par la parole.

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