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Syndrome de Cushing : causes, diagnostic et traitement

Syndrome de Cushing : causes, diagnostic et traitement

Syndrome de Cushing

Le syndrome de Cushing est un trouble hormonal causé par une exposition prolongée à des niveaux élevés de cortisol, une hormone glucocorticoïde produite par les glandes surrénales. 

Le cortisol régule le métabolisme, la réponse immunitaire et le stress, mais des niveaux excessifs perturbent ces processus, entraînant une série de symptômes qui peuvent affecter considérablement la santé et la qualité de vie. 

Cet article explore les causes, les approches diagnostiques et les options de traitement du syndrome de Cushing, offrant un aperçu complet de cette affection complexe.

Qu’est-ce que le syndrome de Cushing ?

Le syndrome de Cushing, également connu sous le nom d’hypercortisolisme, survient lorsque l’organisme est exposé à des niveaux élevés de cortisol pendant une période prolongée. 

Il peut résulter de facteurs externes, tels que l’utilisation à long terme de médicaments corticostéroïdes, ou de facteurs internes, tels que des tumeurs produisant un excès de cortisol ou d’hormone adrénocorticotrope (ACTH). 

Cette affection touche aussi bien les hommes que les femmes, mais elle est plus fréquente chez les femmes, généralement entre 20 et 50 ans. 

Les symptômes comprennent une prise de poids, un visage rond, une augmentation de la graisse autour du cou et du haut du dos (bosse de bison), des ecchymoses faciles, une faiblesse musculaire, de larges vergetures violettes et un abdomen gras avec des bras et des jambes minces.

Causes du syndrome de Cushing

Le syndrome de Cushing résulte d’une production ou d’un apport excessif de cortisol, qui peut être classé en causes exogènes et endogènes.

Causes exogènes

La cause la plus fréquente du syndrome de Cushing est exogène, résultant d’une utilisation prolongée de corticostéroïdes, tels que la prednisone, la dexaméthasone ou l’hydrocortisone. 

Ces médicaments, souvent prescrits pour des affections inflammatoires comme la polyarthrite rhumatoïde, le lupus ou l’asthme, imitent les effets du cortisol. 

Des doses élevées ou une utilisation à long terme peuvent entraîner un syndrome de Cushing iatrogène. 

Dans de rares cas, les corticostéroïdes injectables pour les douleurs articulaires ou les stéroïdes inhalés pour l’asthme peuvent y contribuer.

Causes endogènes

Le syndrome de Cushing endogène résulte d’une surproduction de cortisol par l’organisme, souvent due à des tumeurs ou à une activité glandulaire anormale. Ces causes sont moins fréquentes mais plus complexes :

  • Adénomes hypophysaires (maladie de Cushing) :La cause endogène la plus fréquente, représentant environ 70 % des cas, est une tumeur hypophysaire bénigne (adénome) qui sécrète un excès d’ACTH. Cela stimule les glandes surrénales à produire trop de cortisol. Cette affection spécifique est appelée maladie de Cushing, une sous-catégorie du syndrome de Cushing.
  • Tumeurs surrénales : Les tumeurs bénignes ou malignes des glandes surrénales, telles que les adénomes ou les carcinomes surrénaux, peuvent produire directement un excès de cortisol, indépendamment de la régulation de l’ACTH. Elles représentent environ 20 % des cas endogènes.
  • Syndrome d’ACTH ectopique :certaines tumeurs situées en dehors de l’hypophyse, telles que le cancer du poumon (carcinome à petites cellules) ou les tumeurs neuroendocrines, sécrètent de l’ACTH, ce qui déclenche la production de cortisol par les surrénales. Il s’agit d’une cause rare mais grave, souvent liée à des tumeurs malignes.
  • Syndrome de Cushing familial : des maladies génétiques rares, telles que la néoplasie endocrinienne multiple de type 1 (MEN1) ou le complexe de Carney, prédisposent les individus à des tumeurs surrénales ou hypophysaires, augmentant ainsi le risque de syndrome de Cushing.

Symptômes du syndrome de Cushing

Les symptômes du syndrome de Cushing se développent progressivement et varient en gravité, se chevauchant souvent avec d’autres maladies, ce qui peut compliquer le diagnostic. Les signes courants comprennent :

  • Prise de poids et redistribution des graisses : obésité centrale, « visage lunaire » rond et accumulation de graisse à la base du cou ou dans le haut du dos.
  • Modifications cutanées : amincissement de la peau, ecchymoses faciles, cicatrisation lente des plaies et vergetures larges et violacées (stries).
  • Problèmes musculo-squelettiques : faiblesse musculaire, ostéoporose et fractures osseuses dues aux effets cataboliques du cortisol.
  • Effets métaboliques : glycémie élevée (pouvant conduire au diabète), hypertension artérielle et taux de cholestérol élevé.
  • Symptômes psychologiques : sautes d’humeur, dépression, anxiété ou troubles de la mémoire.
  • Autres symptômes : fatigue, menstruations irrégulières, hirsutisme (pilosité excessive chez les femmes) et baisse de la libido ou infertilité chez les hommes.

Diagnostic du syndrome de Cushing

Le diagnostic du syndrome de Cushing nécessite une approche systématique afin de confirmer l’hypercortisolisme et d’en identifier la cause. 

Le processus comprend une évaluation clinique, des tests de laboratoire et des examens d’imagerie.

Évaluation clinique

Le professionnel de santé commence par établir les antécédents médicaux détaillés du patient et procède à un examen physique. Les questions clés sont les suivantes :

  • Utilisation de corticostéroïdes (par voie orale, injectable ou inhalée).
  • Apparition et évolution des symptômes.
  • Antécédents familiaux de troubles endocriniens ou de tumeurs.

Des signes physiques tels qu’un visage lunaire, une bosse de bison ou des vergetures peuvent faire suspecter un syndrome de Cushing.

Tests de laboratoire

Plusieurs tests mesurent les niveaux de cortisol afin de confirmer l’hypercortisolisme :

  • Test de cortisol libre dans les urines sur 24 heures : mesure le cortisol excrété dans les urines sur une période de 24 heures. Des niveaux élevés suggèrent un syndrome de Cushing.
  • Test de cortisol salivaire tard dans la nuit : les niveaux de cortisol baissent normalement pendant la nuit. Des niveaux élevés dans la salive prélevée vers minuit indiquent une régulation anormale.
  • Test de suppression à faible dose de dexaméthasone : les patients prennent une dose de dexaméthasone (un glucocorticoïde synthétique) le soir. Chez les personnes en bonne santé, cela supprime la production de cortisol le lendemain matin. L’absence de suppression du cortisol suggère un syndrome de Cushing.
  • Tests sanguins : les taux plasmatiques d’ACTH aident à différencier les causes hypophysaires, surrénales ou ectopiques. Un taux élevé d’ACTH indique une source hypophysaire ou ectopique, tandis qu’un taux faible suggère des tumeurs surrénales.

Examens d’imagerie

Une fois l’hypercortisolisme confirmé, l’imagerie permet d’identifier la source :

  • IRM hypophysaire : détecte les adénomes hypophysaires dans la maladie de Cushing.
  • CT ou IRM surrénale : visualise les tumeurs ou l’hyperplasie surrénales.
  • Scanner thoracique ou abdominal :utilisé pour localiser les tumeurs ectopiques sécrétant de l’ACTH, souvent dans les poumons ou le pancréas.
  • Prélèvement dans le sinus pétrosal inférieur (IPSS) : test spécialisé permettant de confirmer les sources hypophysaires en comparant les taux d’ACTH dans le sang des veines hypophysaires et dans le sang périphérique.

Difficultés diagnostiques

Le diagnostic peut être difficile en raison du chevauchement des symptômes avec des affections telles que l’obésité, la dépression ou le syndrome des ovaires polykystiques. 

Le syndrome de Cushing cyclique, caractérisé par des fluctuations du taux de cortisol, peut nécessiter des tests répétés. Des faux positifs peuvent survenir chez les patients souffrant de stress, d’alcoolisme ou prenant certains médicaments, ce qui nécessite une interprétation prudente.

Traitement du syndrome de Cushing

Le traitement vise à normaliser les taux de cortisol, à traiter la cause sous-jacente et à gérer les symptômes. 

L’approche dépend de la cause, de l’état de santé du patient et des caractéristiques de la tumeur.

Syndrome de Cushing exogène

Pour les patients atteints du syndrome de Cushing iatrogène, le traitement principal consiste à  réduire progressivement l’utilisation de corticostéroïdes sous surveillance médicale. 

Un arrêt brutal peut entraîner une insuffisance surrénale, car la production de cortisol par l’organisme peut être supprimée. D’autres médicaments ou des doses plus faibles peuvent être utilisés pour traiter la maladie sous-jacente (par exemple, des produits biologiques pour la polyarthrite rhumatoïde). 

Les soins de soutien permettent de traiter des symptômes tels que le diabète ou l’hypertension.

Syndrome de Cushing endogène

Le traitement des causes endogènes cible la source de l’excès de cortisol :

Interventions chirurgicales

  • Chirurgie hypophysaire :pour la maladie de Cushing, la chirurgie transsphénoïdale permet de retirer les adénomes hypophysaires. Elle est efficace dans 70 à 90 % des cas, mais comporte des risques tels que des lésions hypophysaires ou une récidive.
  • Chirurgie surrénale : l’adrenalectomie unilatérale (ablation d’une glande surrénale) permet de traiter les tumeurs surrénales. L’adrénalectomie bilatérale, qui consiste à retirer les deux glandes, est réservée aux cas graves, mais nécessite un traitement hormonal substitutif à vie.
  • Résection tumorale : les tumeurs ectopiques sécrétant de l’ACTH sont retirées chirurgicalement si possible, bien que certains cancers (par exemple, le cancer du poumon à petites cellules) puissent nécessiter une chimiothérapie ou une radiothérapie.

Médicaments

Lorsque la chirurgie n’est pas possible ou échoue, des médicaments permettent de contrôler la production de cortisol :

  • Inhibiteurs des enzymes surrénales :le kétoconazole, la métyrapone ou le mitotane réduisent la synthèse du cortisol. Les effets secondaires comprennent une toxicité hépatique ou des troubles gastro-intestinaux.
  • Analogues de la somatostatine : le pasiréotide supprime l’ACTH dans la maladie de Cushing.
  • Agonistes de la dopamine : la cabergoline peut réduire l’ACTH dans certaines tumeurs hypophysaires.
  • Antagonistes des récepteurs des glucocorticoïdes : la mifépristone bloque les effets du cortisol, ce qui est utile chez les patients atteints de diabète ou d’hypertension.

Radiothérapie

Pour les tumeurs hypophysaires persistantes ou inopérables, la radiochirurgie stéréotaxique ou la radiothérapie conventionnelle peuvent contrôler la croissance tumorale et la production d’ACTH. Les effets peuvent prendre des mois, ce qui nécessite un traitement médical intermédiaire.

Adrénalectomie bilatérale

Dans les cas graves et réfractaires, l’ablation des deux glandes surrénales élimine la production de cortisol. Cela guérit l’hypercortisolisme, mais entraîne une insuffisance surrénale permanente, nécessitant un traitement substitutif à vie par glucocorticoïdes et minéralocorticoïdes.

Gestion des complications

Les patients ont souvent besoin d’un traitement pour des comorbidités :

  • Diabète et hypertension : pris en charge par des médicaments, un régime alimentaire et des changements de mode de vie.
  • Ostéoporose : les bisphosphonates ou les suppléments de calcium/vitamine D renforcent les os.
  • Symptômes psychiatriques : le counseling ou les antidépresseurs traitent les troubles de l’humeur.

Pronostic et prise en charge à long terme

Avec un traitement opportun, de nombreux patients obtiennent une rémission, même si la guérison peut prendre des mois, voire des années. 

Le syndrome de Cushing non traité augmente les risques de maladies cardiaques, d’accidents vasculaires cérébraux et d’infections en raison des effets systémiques du cortisol. 

Des suivis réguliers chez un endocrinologue permettent de surveiller les taux hormonaux, la récidive tumorale et les complications. Les patients ayant subi une surrénalectomie nécessitent un traitement hormonal substitutif à vie et une surveillance attentive afin de prévenir une crise surrénale.

Les changements de mode de vie, notamment une alimentation équilibrée, l’exercice physique et la gestion du stress, favorisent la guérison. 

Le soutien psychologique est essentiel, car les changements d’humeur et les problèmes d’image corporelle peuvent persister après le traitement.

Conclusion

Le syndrome de Cushing est une maladie complexe dont les causes sont diverses, allant de la prise de médicaments à des tumeurs rares.

Ses symptômes, qui vont de la prise de poids à l’ostéoporose, peuvent ressembler à ceux d’autres maladies, ce qui rend le diagnostic difficile. 

Une combinaison d’évaluations cliniques, de tests de laboratoire et d’imagerie permet de confirmer la maladie et son origine. 

Le traitement, adapté à la cause, peut inclure une intervention chirurgicale, des médicaments ou une radiothérapie, ainsi que des soins de soutien pour les complications. 

Un diagnostic et une intervention précoces sont essentiels pour améliorer les résultats et la qualité de vie. 

Les patients doivent travailler en étroite collaboration avec les professionnels de santé, notamment les endocrinologues, afin de gérer efficacement cette maladie.

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